L’action engagement se définit par une prise de pouvoir encore plus grande dans la vie de l’individu.
De façon générale, ces engagements sont traduits par un contrat entre l’organisme et la personne concernée. Que ce soit un contrat pour une démarche au volet de pré-employabilité, un contrat d’embauche pour la boutique d’économie sociale ou un contrat de service pour les appartements supervisés, chacune des sphères témoigne de la volonté pour ces personnes à reprendre le pouvoir de leur vie et s’inscrit entièrement dans cette démarche de rétablissement prônée par le Boulev’Art de la Vallée.
Un point commun se dégage des motifs de l’engagement : la volonté d’aller de l’avant.
Depuis 2007, les volets de pré-employabilité offrent l’opportunité à des participants de vivre une expérience leur permettant de se donner une bonne hygiène de vie, de développer des connaissances techniques, de se confronter aux réalités du marché du travail. Certains d’entre eux peuvent obtenir une allocation mensuelle du ministère de l’emploi et de la solidarité pour leur participation à un programme PAAS Action d’emploi Québec en collaboration avec Réseau Outaouais ISP lorsque la personne y est admissible. Pour d’autres, le bénévolat représente l’engagement de choix.
Les personnes engagées dans l’un des volets de pré-employabilité s’adonnent à une sphère d’activités qui est créative et stimulante. Cette hygiène de vie est salutaire à leur mieux-être. Ce sont des personnes qui, dans leur processus de rétablissement, ont besoin de s’engager et de s’établir une routine de vie en y intégrant un espace où l’expression des talents devient un symbole de reprise de pouvoir sur leur vie. Cette expérience pratique se transforme en compétences transférables à d’autres sphères de leur vie : persévérance, endurance, stabilité du rythme, engagement, compétences techniques et sentiment de fierté. En somme, le volet de pré-employabilité est une étape de mise en action et d’empowerment. Dans cette démarche, il est question d’une réappropriation de son pouvoir d’agir et de sa valeur.
Cet atelier est orienté vers une démarche artistique où chacune des créations porte l’empreinte de cette quête d’originalité et d’unicité qui habite tout artiste. À partir de consignes et de techniques enseignées, les travailleurs peuvent laisser parler leur créativité et créer différentes œuvres en collaboration avec l’équipe de travail.
Le travail manuel est une occasion privilégiée de diversité, de savoir-faire et d’épanouissement. Il nécessite attention, minutie et précision. À travers la réalisation de différents projets de création ou encore le recyclage de vieux meubles de bois, la recherche esthétique rime avec qualité, originalité et utilité. Chacune des productions est un contexte d’apprentissage de nouvelles techniques qui mettent au défi ces travailleurs. Le travail d’équipe, la complicité et le respect qui prévalent, font en sorte que des liens significatifs se créent.
Le travail journalistique fait appel à plusieurs dimensions : l’écoute, l’attention, l’esprit de synthèse, la mise en mot, la mise en page, etc. Le volet journal est composé d’une équipe qui assure un leadership parmi les membres du Boulev’Art de la Vallée ainsi que de la communauté.
La boutique cadeaux « Les Artisans du Boulev’Art » repose sur la commercialisation des produits et créations issus de nos différents ateliers. Les œuvres offertes au public proviennent des volets de pré-employabilité et des créations issues des volets d’apprentissage tel la couture, la photographie, le tricot, les chandelles, etc. Toutes portent la signature de l’espoir, du talent et de la volonté. Même texte qu’économie sociale ?
La communauté contribue à l’essor de ces personnes qui refusent d’être réduite à une étiquette de santé mentale. Nos œuvres symbolisent le parcours d’une volonté de cheminement et d’une volonté d’expression. Les auteurs, de par leurs créations, veulent s’affranchir de la stigmatisation et se réinventer pour se redéfinir de nouveaux horizons. Nous croyons fermement à l’expression des talents au cœur du rétablissement.
Favoriser le rétablissement ainsi que l’autonomie en visant le développement de compétences personnelles, interpersonnelles et d’habiletés à la vie quotidienne par des interventions qui encouragent la reprise du pouvoir sur sa vie. Le logement supervisé sert de tremplin vers un logement autonome.
Témoignages
Durant mes trois mois d’hospitalisation à Pierre Janet, une petite flamme s’est rallumée en moi, c’est la flamme de la créativité artistique. Suite à ça, le feu du goût à la vie a repris de plus belle. L’expression par l’art m’a pour ainsi dire sauvé la vie. J’ai ensuite passé deux mois à l’hôpital de jour, quatre jours semaine à réapprendre à vivre dans la société et avec moi-même. Ma travailleuse sociale ayant remarqué mon goût pour l’art m’a suggéré d’appeler à un endroit qu’on appelle Le Boulev’Art à Buckingham. J’ai été tout de suite emballée par ce que le Boulev‘Art avait à offrir, c’est-à-dire TOUT ce que j’aime!
Au Boulev’Art je suis entourée de gens comme moi, des gens qui vivent avec une problématique en santé mentale. Des gens qui ont repris goût à la vie et qui bénéficie d’une panoplie de possibilité de s’épanouir dans la créativité. Pour ma part, j’ai choisi de me concentrer sur l’atelier d’art créatif. À chaque fois que j’y entre, je sens une fébrilité me gagner. Cécile et Chantal m’accueillent avec un grand sourire, les petites abeilles sont à l’ouvrage. Une en dessinant, l’autre en peignant et l’autre encore en sculptant. J’entre en mode création tout de suite. Tous les outils nécessaires y sont pour stimuler ma créativité. Un air de bonheur y règne.
Le Boulev’Art vient aussi chercher ce qu’il y a de meilleur en moi. En m’invitant à écrire un article pour le Journal La Ruche, en m’invitant à aller parler à des étudiants du collégial de ma réalité de personne vivant avec une problématique en santé mentale, etc. Les possibilités sont grandes. À moi d’aller piger dans ce qu’ils ont à m’offrir. Les intervenants et intervenantes sont tous et toutes accueillants, souriants, et prêts à nous écouter au besoin.
Je remercie les gens du Boulev’Art de faire partie de ma vie. Je suis grandement reconnaissante et heureuse d’en être membre. Mon rétablissement ne s’en porte que mieux.
Les volets d’apprentissages font partie intégrante de nos stratégies de réadaptation. Créer du « beau » ne peut que rejaillir sur la vie du créateur … et des gens interpellés par l’œuvre. La boutique regorge de ces créations issues de nos différents ateliers. Cette fenêtre ouverte sur leur talent est porteuse de fierté, de reconnaissance et met du vent dans les voiles à ceux qui osent projeter une partie d’eux même dans une création unique, originale et de qualité.
La stigmatisation est un phénomène malheureusement trop souvent vécu par les personnes vivant avec un trouble de santé mentale. L’Association québécoise pour la réadaptation psychosociale définit la stigmatisation comme « une marque de honte, de disgrâce, de désapprobation conduisant un individu à être évité et rejeté par les autres. La stigmatisation accompagne toutes les formes de maladie mentale, mais elle est en général d’autant plus marquée que le comportement de l’individu diffère davantage de ce qui est commun. »
En ce sens, la boutique Les Artisans du Boulev’Art est un levier exceptionnel de sensibilisation à la santé mentale car elle s’appuie sur la beauté des œuvres et sur la créativité des personnes qui vivent avec un problème de santé mentale pour démystifier ce que sont réellement ces maladies.
La boutique permet de mettre en évidence le côté lumineux des personnes plutôt que d’insister sur le « côté malade ». C’est mettre sous les projecteurs les forces plutôt que les limites. C’est faire la démonstration que lorsqu’on fait le choix de prendre sa vie en main, la maladie ne prend plus toute la place.
De plus, des cartons de sensibilisation sont distribués gratuitement à la clientèle de la boutique afin de présenter les principales caractéristiques de la dépression majeure, des troubles anxieux, des troubles bipolaires, des troubles de personnalité limite ainsi que de la schizophrénie.
Notre slogan « Ici, vous achetez plus qu’un produit, vous contribuez à la bonne santé mentale de la communauté » exprime bien la mission sociale de la boutique car en plus de permettre aux artisans de créer dans une perspective de commercialisation, la boutique d’économie sociale permet la création de postes à temps partiel pour la clientèle de l’organisme qui désire s’engager sur le plan de l’emploi.
Cette possibilité est d’autant plus importante que l’emploi fait partie des déterminants de la santé. Se définir comme travailleur dans une société de productivité est généralement une source de valorisation même si cet emploi est à temps partiel. En ce sens, la boutique permet un pas important sur le sentier du rétablissement.
En plus de sa mission sociale, la boutique permet un autofinancement qui n’est pas à négliger compte tenu du coût des matières premières. Bien que les revenus soient sommes modestes, ils permettent un approvisionnement de matériel et d’outillage de qualité, lesquels sont indispensables pour atteindre les standards recherchés. Malgré tout, et à l’image de l’être humain, des imperfections peuvent s’observer à l’occasion… mais elles font partie du charme et témoignent de la main humaine derrière la création.